6th Kofi Annan – Dag Hammarskjöld Annual Lecture / Seminar

L’alerte précoce et l’intervention, le respect de la dignité et des droits de l’homme, les institutions étatiques fortes et les groupes de la société civile; l’inclusion sont des éléments clés de la prévention des conflits armés

– M. Adama Dieng

Accra, 8 octobre: La conférence annuelle Kofi Annan – Dag Hammarskjöld du mercredi 3 octobre 2018, a eu pour thème “Prévention des conflits armés: identification et réduction des risques”. A cette occasion, le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies, M. Adama Dieng, a été le conférencier invité.

La conférence a débuté par quelques paroles d’hommage à la mémoire de Kofi Annan pour son excellence et ses valeurs qui continuent d’inspirer et de soutenir les efforts collectifs en faveur d’un monde meilleur. Il a indiqué que S.E Kofi Annan a toujours défendu la paix dans le monde, la représentation des défavorisés et des minorités, l’état de droit, la tolérance et l’amitié entre les nations et que l’humanité lui devait une immense gratitude.

M. Dieng a déclaré que la responsabilité des États en matière de prévention des conflits et de protection contre les atrocités demeurait la principale responsabilité, citant le document final du Sommet mondial de 2005, dans lequel les États membres des Nations Unies s’étaient engagés à protéger leurs populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité. Il a souligné que l’alerte rapide est un élément essentiel de la prévention et de la réduction des conflits. Les conflits violents ne se produisent pas du jour au lendemain et il existe des signes précoces qui pourraient être détectés et prévenus aux niveaux national, régional et international. L’Union Africaine, en vertu de son Acte constitutif (article 2 du cadre juridique), est l’un des mécanismes d’alerte précoce les plus développés, doté du cadre juridique requis pour la prévention. Il a noté que si ce cadre juridique était mis en pratique activement, il pourrait aller au-delà des Nations Unies pour prévenir les conflits armés.

Il a fait valoir que la souveraineté ne devrait pas prévaloir sur la protection; il devrait plutôt reconnaître le caractère sacré de la vie humaine. Il a souligné que l’alerte rapide ne pouvait être fructueuse que si elle était liée à une action rapide, ajoutant que, bien que les États membres aient toujours manifesté leur soutien à la prévention, les mesures et actions concrètes prises à cet effet étaient insuffisantes, même en cas de menace imminente et crédible pour les populations.

Commitment to the primacy of human dignity and the respect for human rights is fundamental to preventing conflicts. Unfortunately, he observed, some states have been resisting the international framework of human rights and humanitarian law, and further undermining this long-standing system through beliefs that human rights are culturally and politically determined according to the realities of each society. This flawed belief, he said, legitimizes human rights violations and does not promote sustainable peace.

L’engagement en faveur de la dignité humaine et du respect des droits de l’homme est fondamental pour prévenir les conflits. Malheureusement, a-t-il observé, certains États ont résisté au cadre international des droits de l’homme et du droit humanitaire et ont affaibli ce système de longue date en faisant valoir que les droits de l’homme sont déterminés culturellement et politiquement en fonction des réalités de chaque société. Il a déclaré que cette croyance erronée rend légitimes les violations des droits de l’homme et ne favorise pas une paix durable.

M. Dieng a mis l’accent sur le fait que les institutions chargées d’assurer le maintien de l’ordre solides sont au cœur des efforts de prévention des conflits et que la responsabilité, la paix et la justice sont essentielles, en particulier dans les situations d’après conflit. Il a abordé le problème central de l’exclusion, de la marginalisation et de la sous-représentation de certains groupes de personnes quant à l’accès et la répartition des ressources et des opportunités.

Selon lui, l’un des principaux facteurs atténuants contre l’éclatement des conflits est la présence d’une société civile forte et représentative. Il a souligné que, grâce aux activités de plaidoyer, de suivi et de communication de l’information, ainsi qu’à la responsabilisation des gouvernements et de la communauté internationale, les groupes de la société civile jouent un rôle essentiel dans la prévention des crimes d’atrocité.

“Je dois dire que pour que la prévention des conflits armés soit réalisée, nous devons déployer plus d’efforts, individuellement et collectivement. Cela signifierait que nos gouvernements, ainsi que les organisations régionales et internationales, construisent des sociétés résilientes et cohésives… nous devrions être ouverts à la médiation, au dialogue et à l’assistance technique dans les domaines susceptibles de déclencher des conflits, par exemple dans les processus électoraux ou l’élaboration d’une constitution. Dans les cas tristes de conflits dans lesquels des crimes internationaux sont commis, nous devons veiller à ce que justice soit rendue aux victimes… nous devrions tous être protégés en vertu des normes internationales, nos droits sont inséparables et indivisibles… nous devons appliquer les décisions collectives que nous prenons dans les institutions multilatérales pour: prévenir les conflits et protéger les populations”, a-t-il conclu.

L’événement était présidé par Son Excellence Christine Evans-Klock, Coordonnatrice résidente du Système des Nations Unies pour le Ghana.

Le KAIPTC et la Fondation Dag Hammarskjöld (DHF) d’Uppsala en Suède, ont institué les conférences annuelles Kofi Annan / Dag Hammarskjöld (KA-DH) en l’honneur des deux anciens Secrétaires généraux des Nations Unies. Par la suite, une conférence inaugurale organisée par le Centre s’est tenue en février 2013.

Des fonctionnaires gouvernementaux, des membres du corps diplomatique, des cadres supérieurs de l’armée, des conseillers en matière de défense, des officiers supérieurs de la police, des universitaires, des organisations de la société civile et des personnes travaillant dans les services diplomatiques ont assisté à la conférence.